Archives pour la catégorie Les années 1970

1979

Je vis en compagnie des petits : Xavier n’a que trois ans,  mais je l’emmène au théâtre. Il voit tous les spectacles que je vois, même s’il n’a pas l’âge, pas plus que les autres petits dans la salle, trop nombreux, pas toujours attentifs. Je travaille quatre jours par semaine au Centre culturel de Longueuil dans un atelier de création libre pour d’autres petits qui ont entre trois et cinq ans. Je les fréquente sur tous les fronts : travail, famille, théâtre. Je les observe regarder le monde, en parler, le saisir et l’exprimer, essayer de le comprendre, y renoncer. J’ai envie d’écrire pour eux. Ce sera Une lune entre deux maisons. Je travaille avec Georgette Rondeau qui a une fine connaissance des petits. Lire la suite

1978

Je cherche les repères…  et je n’ai pas le choix de revenir à l’intimité de la vie familiale pour me rappeler l’histoire du Carrousel et celle du théâtre pour enfants qui éclate de partout  pendant la décade des années 70. Les trois réalités forment une toile tissée serrée. Nous sommes mariés depuis trois ans. Xavier a deux ans. Le reste se confond dans une masse informe de travail soutenu, de tournées qui, déjà, font de l’hiver un ennemi. Gervais a-t-il commencé à enseigner la voix aux acteurs à l’UQAM? A-t-il déjà laissé les Enfants du Paradis? Avons-nous déjà reçu une première subvention du Ministère de la Culture parce que, à l’époque, le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) n’existait pas, et le Conseil des Arts du Canada (CAC) nous a boudés longtemps? Avons-nous déjà formé le premier embryon d’un conseil d’administration? Beaucoup plus de questions que de réponses… Lire la suite

1977

Nos tournées sont encore concentrées dans les écoles. On tourne de janvier à mai… juin… demandes de subventions et rapports, déjà… L’été, c’est l’écriture.  J’écris l’été et le soir, car on a acheté une maison pièces sur pièces à la campagne. On l’a déménagée debout, ficelée comme un cadeau, le toit à peine démonté. On l’a posée telle quelle sur des madriers, sur la terre de mes parents, et on la reconstruit jour après jour pour ne pas dire pierre par pierre ou planche par planche… On passe nos journées à courir derrière Pit-Pit, à ramasser des pierres, à faire du ciment. On aime les vieux murs défoncés et, même si on a peur de perdre nos amis, on les invite souvent à la campagne. Le soir, j’écris aux quatre vents, car la maison n’a ni porte ni fenêtre, et quand il pleut, j’écris sous un plastique. On lave la salade au ruisseau, on se lave quand on va au lac et la toilette est celle des premiers colons, mais c’est l’été. Un fil électrique qui fait bien un demi-kilomètre donne un rond électrique pour le café, une lampe pour lire et écrire. J’écris Chut! Chut! Pas si fort! et le texte respire le bois tout autour et celui des premiers colons… S’y greffent la vie nomade, le conte traditionnel et l’épreuve toujours décisive, et le goût des veillées. Lire la suite

1976

Pit-Pit. 1976, c’est mon petit oiseau qui naît le 14 avril… Pit-Pit, disait mon père pour son gazouillis d’oiseau sur la branche. Notre vie est décousue, la sienne aussi. Mais avant avril, il y a janvier, février, mars. Nous jouons Ti-jean voudrait ben s’marier mais… et Le jardin qui s’anime dans les écoles. Un le matin et l’autre l’après-midi ou vice-versa. Martine vend des spectacles, les choses vont bien, nous travaillons beaucoup. Parfois trop, mais nous travaillons. Assez pour acheter un Ford Econoline d’occasion, une  camionnette qui nous permet enfin de laisser décors et costumes dormir dehors pendant que nous dormons dedans. Lire la suite

1975

L’histoire ne commence pas vraiment en 1975 mais le 28 décembre 1974. Pour être encore plus précise, elle commence presque une année avant quand Gervais et moi on se rencontre au Théâtre Soleil où on jouait deux spectacles : La forêt merveilleuse et Le bal masqué qui nous ont fait découvrir le théâtre pour enfants en accéléré : 120 représentations en quatre mois. Coups de foudre au pluriel… entre nous… avec les enfants dans les écoles… avec le théâtre itinérant qui rejoint le public où il est. On se marie, un peu rapidement entre Noël et le Jour de l’An… non, je n’étais pas enceinte et ce n’était pas pour des prêts et bourses… mais…pour un système de son qu’on reçoit de ma famille comme cadeau de mariage. Lire la suite