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1977

Nos tournées sont encore concentrées dans les écoles. On tourne de janvier à mai… juin… demandes de subventions et rapports, déjà… L’été, c’est l’écriture.  J’écris l’été et le soir, car on a acheté une maison pièces sur pièces à la campagne. On l’a déménagée debout, ficelée comme un cadeau, le toit à peine démonté. On l’a posée telle quelle sur des madriers, sur la terre de mes parents, et on la reconstruit jour après jour pour ne pas dire pierre par pierre ou planche par planche… On passe nos journées à courir derrière Pit-Pit, à ramasser des pierres, à faire du ciment. On aime les vieux murs défoncés et, même si on a peur de perdre nos amis, on les invite souvent à la campagne. Le soir, j’écris aux quatre vents, car la maison n’a ni porte ni fenêtre, et quand il pleut, j’écris sous un plastique. On lave la salade au ruisseau, on se lave quand on va au lac et la toilette est celle des premiers colons, mais c’est l’été. Un fil électrique qui fait bien un demi-kilomètre donne un rond électrique pour le café, une lampe pour lire et écrire. J’écris Chut! Chut! Pas si fort! et le texte respire le bois tout autour et celui des premiers colons… S’y greffent la vie nomade, le conte traditionnel et l’épreuve toujours décisive, et le goût des veillées. Lire la suite